Augmentez l'UX chez les personnes âgées
On entend souvent l’expression Écrire pour le web. Hors, on n’écrit pas pour le web. Pas plus qu’on écrit pour séduire les moteurs de recherche (En fait, si, un peu. Pour être tout à fait honnête, disons que les très bons rédacteurs web le font, mais sous le couvert de la discrétion).
Lorsque l’on écrit sur le web, ce qui prévaut, c’est l’expérience de l’utilisateur. Logique; c’est à lui que l’on s’adresse. En web, on fait des pieds et des mains pour satisfaire ledit utilisateur et rendre son séjour sur notre site des plus agréables. Pour lui, on déroule le tapis rouge de la pertinence, on devient cohérent, on sort notre plus beau vocabulaire et on met tout en œuvre pour que sa navigation soit agréable. Tout ça, parce que si on lui plaît, il nous sera certainement fidèle. Encore mieux; il partagera peut-être les fruits de notre travail avec son réseau. On focus sur l’UX ( expérience utilisateur) et en retour, Google nous récompense. Mais ça, c’est une autre histoire.
L'expérience UX
Si l’on se concentre sur l’UX pure et dure, on pense généralement à l’utilisateur moyen, celui dont le profil socio-démographique correspond le plus souvent à des gens habitués aux ordinateurs et confortables avec la navigation. Bon, après, il faut analyser une foule d’autres facteurs qui viendront définir l’ergonomie et le contenu du site, mais généralement, on peut s’éclater.
Actuellement, on met l’accent sur l’ergonomie, on fait l’étude et l’analyse des personas pour déterminer leurs profils types. On veut toujours en savoir plus sur les comportements en ligne et sur les besoins des utilisateurs, et ce, pour mieux les servir.
Mais qu’arrive-t-il lorsqu’on doit s’adresser à des personnes un peu moins à l’aise avec internet et dont les capacités cognitives ne sont plus ce qu’elles étaient dans la fleur de l’âge?
Le web et le troisième âge
Le monde du Web n’échappera certainement pas aux effets du vieillissement de la population et aux problèmes qu’ils posent. La population, en générale, devra repenser ses politiques sociales et il en ira de même pour les agences qui devront s’adapter et ajuster leurs pratiques.
De récentes études du National Institute on Aging tentent de dégager certaines conclusions quant à la manière dont les personnes âgées consomment l’information sur le web. Ces donnés nous donnent quelques filons intéressants nous permettant de réfléchir différemment l’ergonomie des sites fréquentés (majoritairement) par les seniors.
Vieillesse et pertes cognitives
Avec l’âge, on voit l’apparition de la dégénérescence maculaire et les problèmes visuels augmenter. Les capacités cognitives diminuent, tout comme la capacité à retenir l’information et à en faire l’analyse. Si aujourd’hui nous devons déjà composer avec ces réalités sur quelques mandats précis, il faudra (dans l’avenir) s’en inquiéter sur une base plus régulière.
Un design pour éviter de distraire l'utilisateur
Pour optimiser l’expérience des personnes âgées, il faut d’abord revoir le design. Comme dit précédemment, avec la vision qui commence à jouer des tours et la mémoire qui n’est plus aussi souple qu’avant, il faut offrir à cette clientèle un site claire, épurée et sans fioriture. Pour éviter de distraire ou de perdre ces utilisateurs, il faut opter pour la simplicité volontaire. Il faut délaisser le monochrome au profit des couleurs contrastantes (ex. écriture noire sur fond blanc). L’utilisation du jaune, du bleu et du vert, sur une même page, est carrément à proscrire. Dans l’œil des personnes âgées, ces couleurs ont tendances à se mélanger. Il est aussi essentiel d’aérer les pages et de laisser respirer les textes en découpant des paragraphes bien distincts.
S'adapter à la motricité fine
Parce que la motricité fine des personnes âgées est plus ardue, il faut nécessairement mettre les boutons et les espaces cliquables plus gros et libres d’interférences. Tout comme il est important de traiter le double clic comme s’il était unique en ignorant les commandes suivants la première.
L’utilisation de symboles, d’icônes et de pictogrammes claires peut venir palier une légère déficience au niveau de la lecture et ainsi contribuer à une navigation plus fluide.
L'importance des fontes
Les récentes études ont démontrée que l’utilisation d’une fonte bâton (Arial, Tahoma, Verdana) de 19 pixels rendait la lecture plus fluide chez les personnes du 3ième âge. On doit absolument oublier l’écriture en Italique, les textes en Capital et les ombres. Théoriquement, il faudrait écrire tous les textes en Gras et choisir une couleur différente pour les titres en laissant les sous-titres plus pâles. Donner à l’utilisateur l’opportunité de jouer avec les contrastes d’une page, sans avoir à passer par les fonctionnalités du navigateur, viendrait également bonifier l’UX.
Trucs pour ne pas perdre l'utilisateur
La capacité d’attention ainsi que la mémoire spatiale de la population du 3ième et du 4ième âge est plus ou moins altérée et pour ces raisons, il est essentiel d’éviter les distractions telles que les Pop Ups et les bannières défilantes. En fait, plus le contenu sera statique, plus les chances de garder l’utilisateur sur la page seront grandes. De manière à le sécuriser et à l’encadrer, il est primordial de munir d’un fil d’Ariane les sites dédiés majoritairement à l’utilisation des personnes seniors.
Lorsque l’on réfléchit à la construction d’un site destiné à des utilisateurs d’un certain âge, il faut penser à hiérarchiser l’information de manière à la rendre assimilable et facile d’accès. Il faut se souvenir de toujours mettre l’information importante en haut de la page et tout ça, en plus d’utiliser un menu épuré, de gros titres et éviter de bouger la structure d’une page à l’autre. Il faut s’en souvenir.
Le contenu aussi doit être réfléchit différemment
Alors voilà, il y a l’ergonomie du site, le design, mais il y a aussi la manière de diffuser le contenu, le comment l’on dit les choses et le comment l’on traite l’information. Ces deux derniers points sont extrêmement importants pour les personnes âgées parce que, comme on l’a déjà dit : leur capacité d’attention est très courte.
Pour garder l’intérêt des personnes âgées et (surtout) pour le bénéfice de leur compréhension, il est important d’écrire des phrases courtes et de synthétiser les paragraphes au maximum en émettant moins de 5 messages par section. L’information doit être brève et écrite à la deuxième personne du singulier.
Lorsqu’on écrit pour les personnes du 3ième âge, il faut éviter les tournures de phrases complexes et les garder à leur plus simple expression : sujet, verbe, complément. Il faut également employer des mots simples et laisser de côté le jargon spécialisé.
Il faut éviter l’écriture négative et gardez la structure simple.
Ex : Au lieu d’écrire N’oubliez pas de fermer les lumières, écrivez Rappelez-vous d’éteindre vos lumières!
Aussi, dans l’écriture, il faut aller droit au but et donnez des indications précises (écrire à l’impératif) à l’utilisateur. De plus, il faut que l’intention derrière les liens soit bien indiquée.
Ex : Cliquez ici et accédez à votre compte bancaire
Enfin, lorsque les indications comportent plusieurs étapes, il ne faut pas hésiter à toutes les énumérer.
Pour rendre un site Internet Ami du 3ième âge, on peut également intégrer une fonction de lecture à haute voix et remplacer quelques textes par de la vidéo ou de l’animation, question de changer le mal de place et de casser la monotonie.
Lorsque l’on parle de l’UX chez les personnes âgées, on va beaucoup plus loin que les fonctions accommodantes offertes par les navigateurs. On parle d’offrir à un certain type de clientèle une expérience unique et taillée sur mesure, selon leurs besoins.